La fin de Typepad - Encore un morceau du web 2.0 qui s'effondre
Putain, ça me fait mal au cœur de voir ça… Typepad tire sa révérence le 30 septembre prochain.
Et encore une plateforme de blog historique qui disparaît, emportant avec elle des années et des années de contenus, de souvenirs, de discussions passionnées. J’ai donc aujourd’hui une pensée émue pour tous mes copains blogueurs à l’ancienne qui sont encore dessus et qui vont devoir se bouger le cul pour migrer tout leur bazar en catastrophe.
Typepad, pour ceux qui ne connaissent pas, c’était l’une des plateformes phares de l’époque dorée du blogging. Créée par Six Apart en 2003, basée sur Movable Type, elle a accompagné toute la génération Web 2.0. Des médias comme MSNBC, Time, Wired, ABC, CBC, BBC et Sky News y avaient leurs blogs. C’était du solide, du professionnel, avec une communauté de passionnés qui écrivaient pour le plaisir de partager.
Le problème, c’est qu’aujourd’hui, pour ceux qui doivent migrer, c’est la merde totale. D’ailleurs, où est-ce qu’ils vont aller ? Y’a plus vraiment de plateforme de blogging simple et agréable à utiliser. WordPress.com ? C’est devenu une usine à gaz commerciale. Medium ? Tu ne possèdes rien, t’es juste locataire de tes propres mots. Ghost ? Sympa mais faut l’auto-héberger, et bon courage si t’es pas un ninja de la ligne de commande.
Surtout que les gens sur Typepad, c’était généralement des passionnés qui avaient des trucs à dire mais pas forcément les compétences techniques pour gérer leur propre hébergement. Ils veulent juste écrire, partager, échanger et maintenant, ils se retrouvent avec cet ultimatum de devoir exporter leurs contenus avant le 30 septembre ou de tout perdre.
C’est quand même 22 ans d’histoire du web qui risquent de partir en fumée.
La migration depuis Typepad est notoirement galère, surtout à cause de la façon dont ils stockent et appellent les images. S’assurer que les images ne sont pas perdues et que les liens ne sont pas cassés, c’est le truc le plus chronophage dans la migration. Et je ne parle même pas de la conservation des commentaires, des permaliens, du référencement accumulé pendant des années.
Perso, de mon côté, j’ai jamais regretté d’avoir choisi l’autonomie pour mon blog. Alors, c’est pas de tout repos. Oui, parfois je passe mon dimanche à debugger une connerie sur mon serveur au lieu de glander comme vous devant Netflix. Mais au moins, mes plus de 20 ans de posts sont toujours là, sous mon contrôle. Personne ne peut décider du jour au lendemain de tout foutre à la poubelle parce que leur business model ne fonctionne plus.
Typepad avait arrêté d’accepter de nouveaux comptes depuis fin 2020, redirigeant vers Bluehost et les flux RSS ne fonctionnaient plus correctement… La plateforme n’était clairement plus maintenue. Bref, les signes étaient là depuis longtemps mais quand t’as investi des années de ta vie à construire ton petit coin du web sur une plateforme, c’est dur d’admettre qu’il faut partir.
Bref, c’est triste et c’est surtout un rappel important que tout ce qui arrive aujourd’hui à Typepad pourrait très bien arriver demain à votre chaîne YouTube, votre Instagram, votre compte X, votre Substack, votre TikTok, votre Onlyfan (oui, je suis au courant pour votre Onlyfan…). Hé oui, rien n’est éternel sur le web, surtout quand vous n’êtes pas “propriétaire” de votre infra.
Donc si vous avez un projet sur le long terme de site web, surtout s’il vous fait bouffer, mon conseil reste toujours le même : Soyez autonome vis-à-vis des plateformes. Ou au minimum, ayez une solution de repli rapide en cas de fermeture ou de suppression inopinée de compte. Gardez des sauvegardes locales, exportez régulièrement vos contenus, ayez votre propre nom de domaine, comme ça vous pourrez le rediriger ailleurs si nécessaire.
Maintenant pour les galériens qui cherchent des alternatives, WordPress reste probablement le choix le plus sûr, surtout en version auto-hébergée. Oui, c’est plus technique, mais au moins vous gardez le contrôle. Pour les moins techniques, Hyvor Blogs a d’ailleurs listé des tas de plateformes ayant une approche privacy-first intéressante avec support multilingue et outils SEO intégrés, même si bien sûr rien ne remplacera jamais la simplicité et l’esprit communautaire qu’avait Typepad à son apogée.
Bref, les copains, courage pour la migration. Juste, n’attendez pas le dernier moment car les serveurs risquent d’être surchargés. Exportez tout, même ce qui vous semble inutile aujourd’hui car dans dix ans, vous serez peut-être contents d’avoir gardé ces quelques traces de votre ancienne vie numérique.
RIP Typepad. Tu as fait partie de l’histoire du web. On te regrettera…