Pourquoi j'ai arrêté de partager mes articles sur les réseaux sociaux
Il y a plusieurs mois, j’ai pris une décision qui peut paraître contre-intuitive pour quelqu’un qui vit du web : j’ai arrêté de partager mes articles sur les réseaux sociaux. Facebook, Twitter, Bluesky, Mastodon… Terminé. Et vous savez quoi ? Je respire enfin.
Cette décision, elle ne s’est pas prise du jour au lendemain. Elle est le fruit d’une longue réflexion sur ce que je fais, pourquoi je le fais, et surtout pour qui je le fais. Quand j’écris, c’est d’abord pour vous, mes lecteurs. Ceux qui prennent le temps de venir sur Korben.info, qui parcourent les articles, qui lisent ce qui les intéresse et qui zappent le reste sans faire de drama. C’est aussi pour moi, parce qu’écrire c’est ma façon de partager, de transmettre, de rester connecté à cette passion qui m’anime depuis des années.
Mais voilà, les réseaux sociaux ont transformé tout ça en quelque chose de malsain. Bien sûr, partager sur ces plateformes apporte de la visibilité. Les chiffres grimpent, les metrics s’affolent, et on pourrait croire que c’est ça le succès. Sauf que cette audience, elle est pourrie. Oui, pourrie et je pèse mes mots.
Sur les réseaux, on se retrouve face à une foule coincée dans une espèce de surenchère permanente. Des petites communautés qui réclament du sang chaque jour, qui cherchent le drama, le clash, la polémique. Des gens dont l’ego surdimensionné a besoin d’être nourri en permanence par des likes, des RT, des réactions. Et puis il y a ce manque de temps chronique qui les oblige à réagir vite, trop vite. Ils lisent en diagonale quand ils lisent, mais la plupart du temps ils se contentent du titre et foncent tête baissée pour vomir leur bile.
Le résultat ce sont des insultes, des incompréhensions, de la bêtise crasse et toutes les formes de violence verbale imaginables. J’ai vu des articles de fond, des analyses qui m’avaient pris des heures à écrire et à peaufiner, se faire déchiqueter en deux secondes par des types qui n’avaient même pas cliqué sur le lien. Des jugements à l’emporte-pièce, des procès d’intention, des attaques personnelles basées sur rien.
C’est donner en pâture à des clébards hargneux quelque chose de construit, de réfléchi (ou pas, si j’ai mal dormi ^^), qui demande du temps pour être écrit et surtout pour être lu. Ces gens ne vous connaissent pas, ne vous lisent pas vraiment, mais ils pensent avoir cerné qui vous êtes en deux secondes. Ils se construisent une image mentale de vous à partir de leur univers intérieur complètement claqué et obscur, et hop, le jugement tombe. Définitif. Implacable. Et complètement à côté de la plaque.
J’ai longtemps cru que c’était le prix à payer pour toucher plus de monde. Que c’était normal, que ça faisait partie du jeu. Mais non. Ce n’est pas normal de subir chaque jour ces cyber-toxicos accros à leur klout et aux petites phrases assassines. Ces gens qui passent leur vie à scruter leurs notifications, à compter leurs followers, à mesurer leur influence.
Alors j’ai dit stop. J’ai arrêté de nourrir la bête. Plus de partage, plus de liens balancés dans l’arène. Fini.
Est-ce que ça me fait moins de trafic sur le site ? Oui, c’est indéniable. Les chiffres ont baissé. Mais vous savez quoi ? La qualité de mon lectorat s’est améliorée. Aujourd’hui, quand j’écris, c’est pour des gens qui savent lire. Des gens qui prennent le temps. Des gens qui comprennent la nuance, qui apprécient l’effort, qui aiment vraiment la tech et pas juste le drama qui l’entoure. Dans le même esprit, j’ai même retiré les pubs programmatiques en espérant un jour compter uniquement sur mon Patreon pour faire vivre ce site.
Ces lecteurs-là, ils viennent directement sur le site. Ils ont leurs habitudes, leurs marque-pages, leurs flux RSS (abonnez-vous !!) peut-être. Ils ne sont pas là par hasard parce qu’un algorithme leur a collé mon article sous le nez entre deux vidéos de chats et trois polémiques du jour. Ils sont là par choix, par intérêt authentique.
A ces gens là, je dis MERCI ! Et moi, j’écris mieux depuis. Sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, sans me demander comment telle phrase va être détournée, comment tel paragraphe va être sorti de son contexte pour faire le buzz. J’écris librement, authentiquement, pour les bonnes raisons, comme avant.
Cette décision, c’est aussi un acte de résistance contre cette économie de l’attention qui nous bouffe tous. Cette course aux metrics qui transforme tout en contenu jetable, en fast-food intellectuel qu’on consomme et qu’on oublie dans la seconde. Mes articles ne sont pas des tweets de 280 caractères. Ce sont des analyses, des tests, des tutos, des découvertes qui méritent mieux que d’être jugées en deux secondes par quelqu’un qui a lu trois mots en scrollant.
Je ne dis pas que tous les gens sur les réseaux sociaux sont toxiques. Il y a évidemment des communautés formidables, des échanges enrichissants, des découvertes magnifiques. Mais le ratio signal/bruit est devenu insupportable. Pour un commentaire constructif, combien de haine gratuite ? Pour une vraie discussion, combien de trolls ? Et croyez moi, c’est la même merde sur Bluesky, Mastodon, X, Facebook…etc.
Bref, non merci. Je préfère mille fois avoir moins de lecteurs mais de vrais lecteurs. Des gens qui viennent pour le contenu, pas pour le spectacle. Des gens qui lisent vraiment, qui réfléchissent, qui parfois ne sont pas d’accord mais qui savent l’exprimer avec intelligence et respect (du genre qui savent m’envoyer un email pour discuter et exposer leurs arguments plutôt que de se faire mousser devant leur communauté de canards ^^).
Voilà, cette décision de retirer des réseaux sociaux mes articles, c’est finalement un retour aux sources. Un retour à ce pourquoi j’ai commencé ce blog il y a des années : partager ma passion, découvrir des trucs cool, analyser les tendances tech, et échanger avec des gens qui partagent ces centres d’intérêt.
Les réseaux sociaux ont leur utilité, je ne dis pas le contraire mais pour le contenu long, pour les articles de fond, pour tout ce qui demande un minimum d’attention et de réflexion, ils sont devenus toxiques. Ils ont transformé le débat en combat, la discussion en confrontation, l’échange en agression. Alors maintenant, mes articles attendent patiemment leurs lecteurs, ceux qui font l’effort de venir, ceux qui prennent le temps de lire, ceux qui apprécient le travail fourni même quand ils ne sont pas d’accord avec tout.
Donc si vous lisez ces lignes, c’est que vous faites partie de ces lecteurs qui comptent vraiment. Ceux qui ne sont pas arrivés ici par hasard mais par choix. Et c’est pour vous que je continuerai à écrire, loin du bruit et de la fureur des réseaux sociaux.
Merci !