Le groupe Einhaus met la clé sous la porte à cause d'un ransomware ET de la justice
Imaginez, vous êtes patron d’une boîte de 170 personnes, vous payez une rançon de 200 000€ pour récupérer vos données, la police attrape les hackers ET récupère votre argent… mais refuse de vous rendre votre pognon. Bienvenue dans le cauchemar kafkaïen de Wilhelm Einhaus, 72 ans, qui vient de mettre la clé sous la porte après avoir littéralement tout tenté pour sauver son empire.
Ce mec n’est pas n’importe qui puisque c’est l’inventeur des assurances pour téléphones mobiles en Allemagne. Dans les années 2000, quand tout le monde découvrait à peine les Nokia 3310, lui avait déjà compris qu’on allait tous péter nos écrans et qu’on aurait besoin d’une assurance. Son réseau est composé de 5000 points de vente, il a des partenariats avec Deutsche Telekom et 1&1, et a fait 70 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel au sommet de sa gloire.
Wilhelm Einhaus à gauche
Mars 2023, un matin comme les autres. Einhaus arrive au bureau et là, surprise : chaque imprimante de la boîte a craché le même message. “On vous a hacké. Toutes les infos sont sur le dark web.” Le groupe de cybercriminels Royal, qui s’est depuis rebrandé en BlackSuit selon la CISA, venait de verrouiller l’intégralité du système informatique. Plus rien ne fonctionnait : ni les contrats, ni la facturation, ni même les emails.
Le prix pour récupérer l’accès ? 200 000 euros en Bitcoin.
Vous me direz alors, pourquoi payer ? Et bien parce que sans système informatique, l’entreprise perdait des millions chaque jour. Les assurances ne pouvaient plus être traitées, les remboursements étaient bloqués, tout devait se faire à la main. Le total des dégâts se chiffrant en millions d’euros, Einhaus a donc payé, espérant limiter la casse.
Mais voilà où l’histoire devient complètement absurde. La police allemande finit par réussir à identifier trois suspects et même saisir les cryptomonnaies. Une somme à six chiffres selon les sources. Victoire ?
Pas du tout car le procureur refuse de rendre l’argent tant que l’enquête n’est pas terminée. Et le fait que l’entreprise ne puisse pas récupérer les fonds extorqués, même s’ils ont été confisqués, a fait dérailler leurs efforts de restructuration. Du coup, l’entreprise s’est littéralement désintégrée. De 170 employés, ils sont passés à… 8.
8 personnes pour gérer ce qui était autrefois un empire et en 2024, désespéré, Einhaus a finit par vendre le siège social de l’entreprise, mais cela n’a pas suffit. Surtout que pour couronner le tout, Royal/BlackSuit a publié 11% des données de l’entreprise sur le dark web. Histoire de bien montrer qu’ils ne plaisantaient pas. Au total, ce gang aurait extorqué plus de 275 millions de dollars à travers le monde selon les estimations.
Les 3 sociétés du groupe Einhaus ont donc officiellement déposé le bilan fin juillet 2025. Mais Wilhelm Einhaus, malgré ses 72 ans et 53 ans d’entrepreneuriat, refuse d’abandonner. Il prévoit de repartir de zéro. “Je ne prends pas ma retraite, je recommence”, a-t-il déclaré.
Cette histoire n’est malheureusement pas isolée et de plus en plus d’entreprises mettent la clé sous la porte après des attaques ransomware. Y’a 2 semaines, c’était Knights of Old au Royaume-Uni, une entreprise de transport vieille de 158 ans, qui fermait ses portes après une attaque du groupe Akira, mettant 700 personnes au chômage.
Le pire dans tout ça c’est que la justice, censée protéger les victimes, devient ici un obstacle supplémentaire à leur survie. Einhaus a payé la rançon, la police a récupéré l’argent, mais l’entreprise n’a jamais pu s’en servir pour se reconstruire. Un cercle vicieux où les victimes sont punies deux fois : une fois par les hackers et une fois par le système censé les protéger.
Donc si vous dirigez une entreprise, prenez-en de la graine. Les sauvegardes hors ligne, ce n’est pas une option, c’est une obligation !