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NoLongerEvil - Un nouveau souffle pour les thermostats NEST

Par : Korben
11 novembre 2025 à 09:42

Vous vous souvenez quand Google avait pour devise “Don’t Be Evil” ?

Hé bien, ils ont tellement bafoué sur leurs valeurs qu’un hacker vient de sortir un firmware appelé “No Longer Evil” pour ressusciter les thermostats Nest que Google vient également d’assassiner froidement.

En effet, le 25 octobre dernier, Google a coupé le support technique de ses thermostats Nest Gen 1 et Gen 2. Plus d’app, plus de contrôle à distance et plus d’intégrations smart home… Les thermostats continuent de chauffer selon les presets enregistrés, mais tout le reste est mort. Du coup, Google vous propose gentiment d’upgrader vers la Gen 4 à 149,99 dollars au lieu de 279 euros… Presque 50% de réduc, comme c’est généreux !

Cody Kociemba , le développeur derrière le projet collaboratif Hack/House, a décidé que non et c’est pour cela qu’il a lancé NoLongerEvil , un firmware custom qui redonne vie aux Gen 1 et 2.

Ce firmware modifié intercepte la couche de communication du thermostat comme ça, au lieu de parler aux serveurs Google, il redirige tout le trafic vers un serveur qui héberge une réplique de l’API Nest, développée par reverse engineering. Votre thermostat croit donc toujours qu’il cause avec Google, mais en réalité il parle à nolongerevil.com . Et vous, vous retrouvez le contrôle à distance, les réglages fins, et tout et tout sans Google dans la boucle.

L’installation passe par le bootloader OMAP en mode DFU. Vous flashez trois composants : x-load.bin (first-stage bootloader), u-boot.bin (second-stage bootloader), et uImage (kernel Linux). Vous aurez donc besoin d’un ordi Linux ou macOS, d’un câble USB, et d’au moins 50% de batterie sur le thermostat. Windows marche théoriquement avec MingW ou CygWin, mais les retours sont mitigés pour le moment…

Le mec a même reçu 15 000 balles de la part de la FULU Foundation qui “crowdfunde” des récompenses pour les développeurs qui libèrent des appareils proprios. Bien joué !

Et l’intégration Home Assistant est prévue dans son projet. Le firmware backend et l’API server seront d’ailleurs open sourcés bientôt donc chacun pourra aussi héberger son serveur. Kociemba prévient quand même que son projet est hyper expérimental donc ne flashez pas un thermostat qui serait critique pour votre chauffage parce que si ça foire, vous allez vous les geler cet hiver ^^.

En tout cas, maintenant les propriétaires de Nest Gen 1 ou 2 ont maintenant le choix de garder leur matos pleinement fonctionnel ! Et ça c’est cool !

Source

Rooter une caméra de sécurité avec un MP3

Par : Korben
28 octobre 2025 à 13:27

L’histoire du jour est signée Luke M, un hacker qui a découvert comment rooter une caméra avec… du son !

L’appareil en question est une caméra chinoise de la marque Yi qui utilise une fonctionnalité appelée “Sonic Pairing” pour faciliter la configuration WiFi. Comme ça, au lieu de galérer à taper votre mot de passe WiFi sur une interface minuscule avec vos gros doigts boudinés, vous jouez simplement un petit son depuis votre téléphone et c’est ce son qui contient votre clé WiFi encodés en modulation de fréquence. La caméra écoute, décode, et se connecte.

Magique, non ?

Sauf que cette fonctionnalité marquée en “beta” dans l’app Yi IoT contient deux bugs magnifiques : une stack overflow local et un global overflow. En gros, en fabriquant un fichier audio malveillant avec les bons patterns, Luke a pu injecter du code arbitraire dans la caméra, ce qui lui permet d’obtenir un shell root qui se lance via la commande telnetd avec les identifiants par défaut. Tout ça, sans accès physique… juste la lecture d’un wav ou d’un MP3.

Pour arriver à ses fins, Luke a utilisé Frida , un framework de hooking que j’adore, capable d’intercepter les fonctions natives de l’app. Cela lui a permis de remplacer les données légitimes attendues par l’app par son propre payload.

Le premier bug (stack overflow) n’étant pas suffisant seul, Luke a dû utiliser un autre bug ( un out-of-bounds read via DOOM ) pour leaker un pointeur et contourner l’ ASLR . Mais le second bug (global overflow) est bien plus intéressant puisqu’il lui permet directement de faire une injection de commande via system() lors du pairing, sans avoir besoin d’autre chose.

Voici la waveform utilisée par le second exploit

Et comme la chaîne que vous pouvez envoyer via le son peut faire jusqu’à 128 bytes c’est largement suffisant pour un telnetd ou n’importe quelle commande shell. Notez que pour que l’exploit marche, le bind_key doit commencer par ‘CN’, ce qui force un path exploitable et, en bonus fait causer la caméra en chinois ^^.

Après faut savoir que ce hack amusant ne fonctionne que si la caméra n’est pas encore connectée au cloud. Donc c’est pas très utile pour attaquer des caméras déjà déployées mais ça illustre bien le problème de tout cet IoT pas cher avec des tas de features “pratiques” comme ce “Sonic Pairing” qui finissent par être catastrophique dans la pratique.

Voilà… si vous voulez les détails techniques complets avec les waveforms et le code d’exploit, foncez lire ça sur Paged Out! #7 .

« Le jour où mon aspirateur intelligent s’est retourné contre moi », un développeur raconte comment un produit bon marché a cartographié son domicile

27 octobre 2025 à 19:20

Dans un article de blog publié début octobre 2025, un développeur raconte comment la méfiance qu’il nourrit envers la sécurité de son aspirateur intelligent l’a conduit à en démonter chaque composant. Une analyse poussée, qui l'amène de découvertes en découvertes.

Il balance un stream de DOOM sur des caméras Yi pleines de failles

Par : Korben
20 octobre 2025 à 08:24

Vous avez une caméra de surveillance connectée chez vous ? Du genre petite caméra Yi à 15 balles achetée sur AliExpress pour surveiller le salon ou le chat quand vous n’êtes pas là ? Alors tenez-vous bien parce qu’un chercheur a réussi à faire tourner DOOM dessus. Et sans toucher au firmware s’il vous plait ! Il a juste exploité le stream vidéo et quelques bugs bien sentis de l’appareil.

Luke M a publié son projet Yihaw sur GitHub et ça fait un peu peur car si quelqu’un peut hijacker le stream de votre caméra pour y balancer un FPS des années 90, il peut aussi faire pas mal d’autres trucs beaucoup moins rigolos.

Le hack est assez cool d’ailleurs car ces caméras Yi tournent sur un petit processeur ARM sous Linux. Elles ont donc une app mobile qui vous permet de voir le stream en temps réel et Luke M a trouvé plusieurs vulnérabilités dans la stack réseau de la caméra. Je vous passe les détails mais avec ces bugs, il peut injecter du code arbitraire sans modifier le firmware.

Il peut alors créer trois threads qui tournent en parallèle. Le premier récupère les frames YUV420p directement depuis le capteur de la caméra. Le deuxième convertit ça en h264. Le troisième, au lieu d’envoyer le flux vidéo normal, envoie DOOM. Du coup, vous ouvrez l’app Yi IoT sur votre smartphone et vous voyez le Doomguy buter des demons au lieu de voir votre salon. C’est rigolo, hein ?

Ces caméras Yi, il y en a des millions installées partout dans le monde. Bureaux, maisons, magasins…etc car elles sont pas chères, elles marchent plutôt bien, elles ont une app correcte, mais leur sécurité c’est une vraie passoire. C’est bourré de bugs qu’on trouve en une après-midi avec un fuzzer basique.

Luke M liste plusieurs exploits dans son repo GitHub et c’est un vrai buffet à volonté pour quelqu’un qui veut prendre le contrôle de ces caméras. Bien sûr ce serait illégal alors personne ne le fait, surtout parce que ça demande quand même un peu de boulot pour chaque modèle de caméra. Mais les outils existent, les vulnérabilités sont connues, et si un chercheur solo peut le faire pour s’amuser avec DOOM, imaginez ce qu’un botnet bien pensé pourrait faire.

Tous ces trucs qu’on a chez nous, qui tournent sur du Linux embarqué avec des stacks réseau écrites à l’arrache par des équipes chinoises sous-payées qui doivent sortir un produit tous les trois mois.

C’est beau non ?

Source (c’est du PDF)

Machines à cartes au Poker - Quand le système anti-triche permet de tricher

Par : Korben
16 octobre 2025 à 12:12

Vous connaissez peut-être ces machines à mélanger les cartes qu’on trouve dans tous les casinos américains ?

Moi je ne savais même pas que ça existait, mais apparemment, le Deckmate 2, fabriqué par Shufflemaster (devenu depuis Light and Wonder), c’est la Rolls des shufflers. Un shuffler c’est pas un légume dégeu, c’est un mélangeur de cartes et on en trouve notamment au World Series of Poker (La biz à Patrick Bruel ^^), et dans tous les grands poker rooms de Vegas.

Cela permet d’automatiser le mélange pour accélérer le jeu et surtout éviter que ceux qui distribuent les cartes (les dealers) trichent avec de faux mélanges. La machine a même une caméra intégrée qui scanne chaque carte pour détecter si quelqu’un essaie de retirer un as ou d’ajouter un sept de pique.

En septembre 2022, il y a eu un scandale qui a secoué le monde du poker. Au Hustler Casino Live de Los Angeles, une joueuse relativement débutante, Robbi Jade Lew, gagne un pot de 269 000 dollars avec un call complètement fou. Elle avait valet-quatre dépareillés (un truc nul), et son adversaire Garrett Adelstein bluffait avec huit-sept. Techniquement, son call était correct, mais aucun joueur sensé n’aurait misé 109 000 dollars sur une main pareille sans savoir que l’adversaire bluffait… Le casino a donc lancé une enquête et conclu que le shuffler ne pouvait pas être compromis.

Mais même si ce n’était pas le cas pour cette affaire, est ce que c’est vrai ? Est ce qu’un Deckmate 2 peut être hacké ? Pour le chercheur en sécurité, Joseph Tartaro, ça s’est présenté comme un nouveau défi personnel !

Il a donc acheté un Deckmate 2 d’occasion avec deux collègues et a passé des mois à le démonter… pour finalement trouver quelques trucs intéressants, vous allez voir.

Il a découvert que la machine a un port USB accessible sous la table, là où les joueurs posent les genoux. Tartaro a donc créé un mini-ordinateur de la taille d’une clé USB qui, une fois branché, réécrit le firmware de la machine. La seule sécurité qu’il y a, c’est au démarrage, quand la machine vérifie que le code n’a pas changé en comparant son empreinte à une valeur connue.

C’est une simple comparaison de hash et le problème est que Tartaro peut modifier cette valeur de référence aussi… Du coup, le système de vérification contrôle que le code piraté correspond au hash piraté. C’est ballot ^^. Et une fois le firmware modifié, la machine continue à fonctionner normalement sauf qu’elle transmet maintenant l’ordre exact des 52 cartes via Bluetooth vers une app smartphone. Et comme la caméra interne de ce Deckmate 2 scanne déjà toutes les cartes pour détecter les fraudes, il suffit d’exploiter cette fonctionnalité.

Un journaliste de Wired a décidé de mettre ça en pratique dans des conditions réelles et vous allez voir, c’est sympa à voir.

Le truc génial, c’est que même si le dealer coupe le paquet (ce qui est obligatoire), l’app peut recalculer l’ordre final. Il suffit alors de regarder ses deux premières cartes et de les entrer dans l’app pour qu’elle déduise où le paquet a été coupé. À partir de là, vous connaissez toutes les mains de tous les joueurs et les cartes communes qui vont sortir.

Quand Tartaro a présenté ses résultats à Black Hat en 2023, Light and Wonder a réagi en disant que le hack était “non réaliste en conditions de casino”. Puis en 2024, la boîte a affirmé avoir patché le firmware de “virtuellement tous les shufflers” dans le monde.

Mais Tartaro reste quand même sceptique car les machines n’ont pas de connexion internet. Un technicien doit physiquement mettre à jour chaque appareil et même si le port USB est désactivé, le port Ethernet reste exploitable. Et si l’un de ces techniciens de maintenance décide de pirater la machine, aucun patch ne pourra l’en empêcher…

Bref, encore une fois, plus c’est complexe, plus c’est vulnérable.

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